« Nous sentons battre tout le cœur de l’Église qui se resserre autour de nous. C’est une étreinte qui nous réconforte, nous console, nous fait espérer. »
Des pourparlers russo-ukrainiens, où la question d’un cessez-le-feu sera envisagée, doivent être actuellement en cours au Bélarus, près de la frontière polonaise. La septième journée de guerre est marquée par la prise de Kherson par l’armée russe cette nuit. La situation a Marioupol, le principal port ukrainien de la mer d’Azov, se dégrade. Les bombardements dans le centre de Kharkiv, la deuxième ville du pays, qui avaient fait mercredi au moins 21 morts selon le gouverneur régional, ont également endommagé une église orthodoxe. A Izioum, près de Kharkiv, huit personnes, dont deux enfants, sont mortes au cours de pilonnages russes.
Selon le haut-commissaire des Nations unies aux réfugiés, Filippo Grandi, un million de réfugiés ont fui l’Ukraine à destination des pays voisins après une semaine de conflits.
Aujourd’hui nous donnons la parole à des chrétiens, qui, d’Ukraine, de Russie ou de Pologne, vivent cette guerre au plus près.
Mgr Pavlo Honcharuk, évêque de Kharkiv-Zapory, est dans un bunker depuis plusieurs jours avec plusieurs familles et un évêque orthodoxe. Il témoigne auprès de l’organisation Aide à l’Eglise en Détresse (AED).
« Je souhaite que cette guerre se termine le plus rapidement possible. Mais, alors que le mal s’est montré si fort, cela a également révélé beaucoup de bien. (...) Mon message est court car nous sommes constamment bombardés et je suis un peu nerveux, mais nous essayons d’agir normalement. Nous vivons ici et maintenant, et la situation est critique. Nous resterons ici et nous sollicitons vos prières. »
Sœur Natalia, une religieuse témoigne auprès de l’AED avoir accueilli des déplacés.
« Ici, nous avons aidé les déplacés, fourni des bunkers anti-aériens et accueilli des personnes, en particulier des femmes et des enfants. La plupart partent ensuite à l’étranger, mais ici, ils ont la possibilité de se reposer avec nous. Et nous prions ensemble. »
Le Père Pawel Vyshkovskyy, missionnaire à Kiev. Il explique à l’Osservatore romano que les églises sont devenues des abris et que les missionnaires de sa communauté ne quitteront pas Kiev. « Nous sentons battre tout le cœur de l’Église qui se resserre autour de nous, explique-t-il, c’est une étreinte qui nous réconforte, nous console, nous fait espérer ».
« Les gens ont peur, pleurent et ont besoin de tout notre soutien matériel, psychologique et spirituel. Dans cette phase marquée par la peur, voire par la peur de la mort, la prière est essentielle pour nous. (...) Le refuge pour nous et pour nos fidèles, c’est Jésus. Nous vivons ce moment critique dans la foi, dans l’abandon à la volonté de Dieu, dans la prière incessante et la proximité avec les personnes qui souffrent, en particulier les pauvres, les malades et les personnes âgées laissées seules. »
Le 26 février, le père Ruslan Mykhalkhiv, recteur du séminaire catholique romain de Kiev, parlait de sa « tristesse » dans des propos repris par Vatican News.
« Il y a une tristesse en nous, mais ce n’est pas la tristesse qui paralyse: nous sommes désolés que ceux qui se sont toujours montrés nos frères et amis aient maintenant pris les armes. Maintenant, les gens ont peur et tentent de fuir en vidant leurs comptes bancaires et en faisant le plein d’essence pour prendre la route. Dans le même temps, nous en tant qu’Église, nous sommes prêts à faire face à l’urgence. Nos prêtres restent à leur poste et sont prêts à accueillir les personnes qui fuient: nous ouvrons également nos séminaires si nécessaire, afin de fournir un hébergement sûr. »
Le curé de la paroisse catholique francophone de Moscou, en Russie, Viachieslav Dorokof, expliquait à Vatican News aux premiers jours de la guerre en Ukraine qu’ils appelaient les politiciens pour « mettre fin à cette folie meurtrière ».
« Bien sûr, c’est en boucle ici à la télévision mais, malheureusement, nous sommes habitués à la propagande donc on ne fait pas trop confiance à ce qui y est montré. On consulte surtout les réseaux sociaux. Beaucoup de Russes ont de la famille en Ukraine et la situation est très inquiétante.. On essaie d’avoir des informations en direct. C’est horrible, je pense que nous en tant que chrétiens on doit prier pour la paix. C’est la seule chose qui nous reste. Et appeler les politiciens de tous bords à s’asseoir à la table des négociations et à mettre fin à cette folie meurtrière. »
En Pologne, le pasteur Henryk Skizypkowski et son église se sont immédiatement mis à la recherche de fournitures pour accueillir les réfugiés dans leur pays. Paul Chitwood, président de l’International Mission Board de la Southern Baptist Convention, explique qu’ils font « un excellent travail pour aider ceux qui souffrent vraiment en ce moment ».
« Ils ont enlevé tous les bancs, ils ont enlevé la chaire », a-t-il dit. «Ils ont en fait des lits de camp répartis dans tout le sanctuaire et dans toute l’église, ainsi que de la nourriture et des vêtements. Ils font juste un excellent travail pour aider ceux qui souffrent vraiment en ce moment. »
M.C.